Le Télégramme - 25 novembre 2011
C'est devant une assistance fournie de danseurs, musiciens et parents que l'Ensemble des arts et traditions
populaires du Léon - Bleuniadur vient de tenir son assemblée générale à Kéroulas. En présence de Rachel Boutoullier et d'Odile Mulner-Lorillon représentant respectivement les municipalités de
Cléder et Saint-Pol, le président Fabrice David a présenté le bilan d'une année chargée en événements, en émotions et récompenses.
Une reconnaissance internationale
Avec un nombre de spectacles, de sorties et festival en hausse, l'activité spectacle continue à se développer et assure la stabilité financière du groupe. Un plan de formation ambitieux faisant
appel à de nombreux intervenants extérieurs dans des domaines aussi variés que l'ethnologie, la chorégraphie, le répertoire ou la pédagogie a conduit à une hausse sensible de la qualité de
présentation et un enrichissement des répertoires chorégraphiques. La médaille de bronze aux championnats de France, la labellisation de l'ensemble enfants-ados par le CIOFF et le renouvellement
pour cinq ans de celle des adultes ont contribué à la reconnaissance nationale et internationale de la qualité des prestations de Bleuniadur.
Bleuniadur a déjà arrêté sa participation à plusieurs festivals internationaux, dont un en Corée du Sud en octobre 2012 pour des danseurs du groupe adulte, et pour les groupes de jeunes. Outre les activités habituelles du groupe, décision a été prise de mettre en place un cycle de connaissance alternative de la culture bretonne sous forme de conférence «échange de savoir» à Saint-Pol et Cléder à destination des populations locales. La première aura pour thème «les Porpants et les modes vestimentaires à la française dans le pays de Saint-Pol». Des veillées rencontres estivales autour de la musique, du chant et de la danse dans des lieux insolites ou chargés d'histoire des pays de Saint-Pol et de Cléder seront mises sur pied. L'assemblée a ensuite réélu à la présidence Fabrice David et le conseil d'administration de Bleuniadur qui se réunira ensuite pour élire son nouveau bureau.
Coutumes : vers la résurrection de «l'Anguilanée»
Entre autres axes d'actions pour les mois à venir, Bleuniadur a annoncé sa volonté de travailler à la réintroduction
de coutumes locales. La première sera la remise en vigueur de la coutume de «chantages de bassines de cuivre» que l'on trouvait dans le Léon et dans le pays vannetais-gallo. Un stage en ce sens
sera proposé en cours d'année. La seconde, la coutume de solidarité de l'Anguilanée, sera ressuscitée à Noël 2012.
Au profit des pauvres
Cette dernière coutume était encore en usage au XIXe siècle. Elle consistait à promener dans la ville un cheval dont la tête était ornée de gui et de laurier et portant en selle deux mannequins*
recouverts de draps blancs. Des enfants suivaient le cortège en poussant de grands cris. À chaque seuil, on s'arrêtait pour recevoir les dons en argent ou en nature afin que le lendemain, les
pauvres puissent célébrer gaiement la fête. Et à chaque don, la foule répétait la clameur traditionnelle «Inkinanné» ou «Aguinanné» qui a donné «l'Anguilanée» («Au gui l'an neuf! »). Cette
coutume se rattachait à la procession des Rois Mages et donnait lieu, au profit des pauvres de l'hospice, à des quêtes en nature que l'on recueillait dans deux paniers ou mannequins d'osier
accrochés de chaque côté de la selle d'un cheval. Le cheval appartenait à l'hospice, le tambour était de ville, les notables faisaient partie du bureau de bienfaisance.
* mannequins : « paniers », du breton manekin (NDLR).