Voici les premières images de la suite du Porzay. Avant de la chorégraphier, il aura fallu plus d'une année de recherche dans les archives sonores, iconographiques et vidéos. Le terroir est très touristique, pourtant il a été difficile de trouver des images et des écrits présentant les suites traditionnelles de danses de la seconde moitié du 19eme siècle.
Avec beaucoup d'obstination, nous avons fini par trouver le matériel dansé nécessaire. En plus des documents filmés, les écrits de J.M. Guilcher, ainsi que les documents de la société archéologique du Finistère ont été d'une aide précieuse.La suite traite de la dualité de ce riche terroir écartelé entre son passé fantastique (la légende de la ville d'Ys) et religieux (le pardon de sainte Anne La Palud et la Troménie de Locronan).
L'abondante iconographie religieuse et légendaire nous a permis de construire une suite dans l'esprit des représentations populaires de la culture bretonne des sociétés savantes de la fin du 19éme siècle en adoptant le schéma de représentation qu'elles s'en faisaient.
Comme ingrédients, nous avons pris une bonne dose de danse et de technique traditionnelle, un soupçon de fantastique, une pincée de conte, une cuillerée de danse contemporaine, une mesure d'introspection et de théâtralité, un grand quart d'interprétation et nous avons mixé le tout afin de réaliser une suite de couleur traditionnelle et de saveur bretonne.
L'ouverture de la suite se fait sur une gavotte en couple du Porzay, véritable petit bijou de style et de technique. Ce sont les portes de la villes d'Ys qui sont ici matérialisées. On pénètre dans l'espace fantastique de la ville engloutie.
De nombreuses coutumes ou usages ont été repris dans cette suite, comme ici : la stylisation de la danse Plac'hig an douar nevez, danse incontournable de toute assemblée de danse de l'époque. C'était un moment privilégié de rencontre de la société et de mise en valeur de chacun de ses membres à tour de rôle.
Ys, citadelle imprenable dans ses remparts. Un moment de partage de la félicité. Pourtant, au loin les cloches des églises et la voix de Saint Gwénolé annoncent, tels des cassandes, de funestes futurs. Les percussions, par leur volume, masquent aux danseurs les avertissements. Ils sont sous le charme de celui qui se revelera être le diable.
Permutation très caractéristique de la cavalière dans le jabadao. Si la figure est traditionelle et son style respecté, la forme en a été modifiée. De trois couples, on est passé à dix couples pour mettre en avant la puissance et la force des déplacements, tout en donnant de l'ampleur à la danse. Cela facilite la lecture du spectateur.
Les flots montent, la mer déferle. Ce n'est plus l'heure du bal. Il faut sauver son âme. L'agitation et la crainte sont fortes, mais inutiles. Toute l'assemblée périra dans l'anéantissement de la ville qui sera engloutie.
Le salut des habitants engloutis qui errent au fond de la baie de Douarnenez passe par la rédemption et la solidarité des vivants sur le continent. Par leurs actes de pénitence et de contrition lors du pardon de Saint Anne La Palud, ces derniers leur donneront l'accès au salut et ouvriront les portes du paradis.
Les flots, tels des chevaux impétueux, submergent la ville d'Ys. Les vagues envahissent progressivement l'ensemble du plateau de danse, laissant uniquement au spectateur le son des cloches qui, certains soirs de tempête, se font entendre dans la baie de Douarnenez.
C'est l'armée des ombres qui quittent le lieu maudit qu'est devenue la ville engloutie. Son chemin croise celui des trépassés du Porzay qui, de l'ombre, marchent vers la lumiere et leur salut. De l'angoisse, on passe à la sérénité. De repentante, la marche se fait triomphante.
La gavotte dans l'une des multiples formes où elle est exploitée dans la suite. Elle se danse en couple, en quadrette, en chaine courte, en chaine ouverte ou en rond. C'est à un voyage sur l'ensemble du territoire géographique du Porzay que vous convie cette nouvele suite, dans un espace temps situé entre 1880 et 1914.
Ce sont ici les premières photos, en répétition, de la suite crée sur la musique du Bagad Plougastell. La musique, très documentée, crée des univers très variés qui se succèdent tels les marées sur l'estran, rejoignant ainsi l'impression d'éternité des paysages qui servent de cadre aux légendes.
La chorégraphie sera créée lors du spectacle de clôture du Bagadañs à Carhaix le 14 juillet prochain.